Dans le but de proposer un espace adapté au jeune être humain en plein développement, nous vous invitons vivement à réfléchir non pas en terme de “salles séparées”, mais à penser un espace ouvert et décloisonné. De nombreux pédagogues ont déjà réfléchi en ce sens, dont Maria Montessori. Voici une description qu’elle donne dans un de ses premiers livres.
... martelait-elle.“Leur organisation peut varier selon les ressources financières à disposition et les possibilités offertes par l’environnement. Elles devraient être de vraies maisons ; c’est à dire, un ensemble de pièces avec un jardin, duquel les enfants sont responsables. Un jardin possédant un abri est idéal, ainsi les enfants peuvent jouer et dormir en dessous, et peuvent également apporter leurs tables dehors pour travailler et déjeuner. De cette façon, ils peuvent vivre presque entièrement à l'air libre, et sont protégés dans le même temps de la pluie et du soleil.”
Sur la terrasse d'une maison d'enfants à Sèvres, France.
Jardin d'une maison d'enfants à Sèvres, France.
Jardin d'une maison d'enfants à Sèvres, France.
“La pièce centrale et principale du bâtiment, souvent également la seule pièce à disposition pour les enfants, est la pièce pour le “travail intellectuel”. À cette pièce centrale peuvent être ajoutées d’autres pièces plus petites selon les possibilités et opportunités du lieu : par exemple, une salle de bain, une salle à manger, un petit salon ou une pièce commune ; une pièce pour le travail manuel, un gymnase et une salle de repos. La caractéristique particulière de l’équipement de ces maisons est qu'elles sont adaptées pour les enfants et non pas pour les adultes. (...) Les meubles sont légers pour que les enfants puissent les déplacer au besoin, et peints de couleur claire pour inciter les enfants à les laver avec de l’eau et du savon. Il y a des petites tables de différentes tailles et formes - carrées, rectangulaires et rondes, larges et étroites. La forme rectangulaire est la plus commune, ainsi, deux ou plus d’enfants peuvent y travailler ensemble. Les sièges sont de petites chaises en bois, mais il y a aussi des petits fauteuils en osier et des canapés.
Dans cette salle de travail, il y a deux meubles indispensables. L’un d'eux est un très grand placard avec de grandes portes. Il est très bas pour que les petits puissent placer dessus des petits objets tels que des fleurs, des napperons, etc. A l’intérieur de ce placard est installé le matériel didactique qui est la propriété commune de tous les enfants. L’autre meuble indispensable est une commode contenant deux ou trois rangées de petits tiroirs, dont chacune possède une poignée claire (ou une poignée dont la couleur contraste avec l'arrière-plan), et une petite carte avec un nom dessus. Chaque enfant possède ainsi son propre tiroir, dans lequel il peut mettre les choses lui appartenant. Autour des murs de la pièce sont fixés à un niveau assez bas des tableaux noirs, de sorte que les enfants puissent y écrire ou y dessiner, ainsi que des photographies agréables, qui seront changées de temps en temps selon les circonstances. (...) Les plantes ornementales et plantes à fleurs doivent toujours être placées dans la salle où les enfants sont à l'œuvre. Une autre caractéristique de la pièce de travail sont les petits tapis de différentes couleurs - rouge, bleu, rose, vert et marron. Les enfants les déroulent sur le sol, s’y assoient et y travaillent avec le matériel didactique. Une salle de ce genre est plus grande que les salles de classes traditionnelles, non seulement parce que les petites tables et les chaises séparées occupent plus d'espace, mais aussi parce qu'une grande partie de l’espace au sol doit être disponible pour permettre aux enfants de répartir leurs tapis pour travailler dessus.”
Salle de travail dans une Maison des enfants en Australie, 1913.
“Dans le salon, où les enfants se divertissent par la conversation, les jeux, ou la musique, le mobilier doit être particulièrement soigné. (...) Et surtout, chaque enfant devrait avoir un petit de pot de fleurs, dans lequel il peut semer les graines de certaines plantes d'intérieur, afin d’essayer de les cultiver à mesure qu’elles grandissent. Sur les tables de ce salon devraient être placés de grands albums d'images colorées, ainsi que des jeux de patience, ou différents solides géométriques, avec lesquels les enfants puissent jouer en construisant des figures, etc. Un piano, ou, mieux, plusieurs instruments de musique, éventuellement des harpes de petites dimensions, conçues spécialement pour les enfants, complètent l'ameublement. Dans ce salon de jeux, l'enseignant peut parfois divertir les enfants avec des histoires, ce qui attirera un cercle d'auditeurs intéressés. Dans la salle à manger, il y a, en plus des tables, des placards bas accessibles à tous les enfants, qui peuvent eux-mêmes ranger et prendre la vaisselle, les cuillères, les couteaux et les fourchettes, les nappes et les serviettes de table. Les assiettes sont toujours en porcelaine, et les gobelets et les bouteilles d’eau, en verre. Les couteaux sont toujours inclus dans l'équipement de la table.”
“(...) Bientôt, là où la fabrication de jouets a été amenée à un tel point de complication et de perfection que les enfants ont à leur disposition des maisons de poupées complètes, des armoires entières pour l'habillage et le déshabillage de poupées, des cuisines où ils peuvent faire semblant de cuisiner, des jouets en forme d’animaux aussi réalistes que possible, cette méthode cherche à donner tout cela à l'enfant réellement - le rendant acteur au sein d’une scène vivante.”
Sur la terrasse d'une maison d'enfants à Sèvres, France.
Parce que le jeune être humain forme son intelligence grâce à sa grande plasticité cérébrale, qui est nourrie par sa perception, son exploration sensorielle et ses expériences actives dans le milieu. Par conséquent, si nous souhaitons l'aider à épanouir pleinement son intelligence, nous devons lui permettre d’évoluer au sein d’un environnement vivant, réel, riche, de qualité ; et nous devons lui permettre d’être autonome afin qu’il réalise les expériences qui lui sont nécessaires. Nous vous invitons donc à penser des environnements, des écosystèmes réels, permettant à des enfants d'âges différents de vivre libres, au contact du monde et de la nature, et en responsabilité.
À Gennevilliers, nous avons été limités par des contraintes spatiales et institutionnelles, nous n’avons donc pas pu offrir un environnement si ouvert, libre et responsabilisant. Ce fut une des grandes limites de cette expérience : la libre circulation intérieur/extérieur, l’accès à d’autres salles, le contact direct avec une nature foisonnante sont des paramètres qui ont fortement manqué aux enfants. Nous l’avons très nettement ressenti. C’est pourquoi nous souhaitons, dans les années à venir, reprendre notre recherche et offrir aux enfants un espace plus réel, plus ouvert, plus libre, plus vivant, et relié au monde extérieur.
Si votre souhait (c'est en tous cas le nôtre) est de tendre vers de telles conditions qui permettent la liberté, l'autonomie et la sociabilité, il vous faudra composer avec les contraintes qui sont celles de l'école publique, et qui seront d'ailleurs sensiblement différentes d'une classe à l'autre car elles sont dictées par l’environnement architectural, par l'environnement humain (vos collègues, votre ATSEM), et par les finances dont vous disposez. Certains enseignants auront la possibilité de réaménager l’espace au niveau de l’école, en réunissant plusieurs classes au sein du même espace ou en utilisant des salles attenantes dans lesquelles les enfants seront libres de circuler ; d’autres souhaiteront commencer par réorganiser uniquement l’espace de leur classe.
Que vous choisissiez de réorganiser l’espace d’un point de vue d’une école entière ou d’une classe, nous partageons avec vous les grands axes d’aménagement qui nous semblent pertinents. Libre à vous ensuite d'expérimenter pour trouver l'aménagement qui vous semble le plus adapté à vos possibilités.
Le paramètre de l'ordre est le paramètre qui, à notre sens, devrait vous guider dans toutes les décisions que vous prendrez : cette organisation est-elle ordonnée et logique ? Offre-t-elle des repères clairs ? Invite-t-elle à l'ordre ? En effet, les enfants sont très jeunes lorsqu'ils entrent dans un tel environnement et doivent y être autonomes... ils ont par conséquent besoin de repères clairs pour s'orienter et être indépendants dans ce nouvel espace. L'aménagement global doit par conséquent être très ordonné, et ce à tous les niveaux : l'aménagement de l’espace (séparé en différentes aires), l'organisation des activités sur les étagères (progression de la difficulté de gauche à droite dans le sens de la lecture), l'organisation interne des plateaux (en un coup d'oeil, l'enfant doit percevoir ce qu'il doit faire avec l'activité : il ne doit y avoir sur le plateau que l'essentiel - le superflu invite au désordre et à la casse) ; et même vos présentations (pour offrir une clarté cognitive optimale).
Plus l'environnement que vous proposerez sera ordonné, plus l'enfant saura rapidement s'orienter, mener à bien des activités avec calme, en prendre soin et les ranger.
Vous constaterez d'ailleurs avec étonnement l'intérêt particulier que les enfants trouvent à cet ordre des choses. Il semblerait que cet ordre extérieur leur permette de se structurer à l'intérieur. Ranger le matériel à sa place exacte, ranger le plateau avec la plus grande exactitude, reproduire avec une précision surprenante les gestes donnés par l'adulte lors des présentations, génèrent chez eux un grand intérêt et une concentration étonnante. L'ordre facilite en effet non seulement leur orientation, mais il favorise également le développement de la pensée logique et des compétences exécutives : ils mémorisent les liens entre les objets et leurs emplacements, entre les objets et les actions à effectuer ; ils planifient leurs actions pour que l'ordre ne soit pas altéré, et, en cas de désordre, ils doivent réorganiser leurs actions pour que “tout rentre dans l'ordre.”
Ainsi, afin que les enfants s'orientent rapidement, nous vous invitons à organiser logiquement l’espace en différentes aires. À Gennevilliers, nous n’avons pas eu la possibilité de repenser l’espace au niveau de l’école, nous avons uniquement travaillé sur l’espace de la classe. Nous avons donc regroupé les activités de chaque domaine par aire : une aire pour les Activités pratiques, une aire pour les Activités d’affinement des sens, un espace pour la Géographie, un autre pour la Géométrie, un autre pour la Musique, une aire pour les Mathématiques, une autre pour le Langage et enfin une dernière pour les Activités plastiques. Dans l’idéal, comme nous l’avons précédemment mentionné, il s’agirait davantage de proposer non pas seulement des “aires” au sein d’une même salle, mais également différentes salles au sein d’un environnement plus large : une salle pour la musique par exemple, une autre pour les activités plastiques, ou pour la cuisine. N’hésitez pas à changer plusieurs fois votre organisation - même en cours d'année - jusqu’à trouver celle qui sera la plus logique et la plus ordonnée.
A Gennevilliers, la première année, nous avons déplacé plus d'une dizaine de fois les meubles le soir après la classe, jusqu’à trouver l’organisation qui nous a semblé être la plus pertinente. Pour information : la salle de classe possédait une surface d'environ 55 m2.
Si notre volonté est de rendre les enfants autonomes, nous devons faire en sorte qu'ils puissent facilement accéder à toutes les étagères, placards ou patères, sans aide de l'adulte. La hauteur maximale d'une étagère devrait se situer à notre sens aux alentours de 70 cm. Nous avons utilisé des meubles Ikea ouverts (qui ne sont plus disponibles), mais de longs placards bas fermés pourraient aussi tout à fait convenir. Il peut également s'agir de longues étagères sur mesure, posées au mur. Par ailleurs, le mobilier doit être propre, bien rangé, beau et en bon état. Nous attirons à nouveau votre attention sur ce point car les enfants prennent bien plus soin du mobilier s'il est propre, bien rangé, beau et en bon état.
Dans l'idéal, nous vous invitons à choisir des tables et des chaises légères, faciles à manier et antidérapantes. Nous vous conseillons de prendre des tables individuelles ou doubles. Il est possible d’installer deux tables individuelles l’une en face de l’autre, ou l’une à côté de l’autre. Veillez par ailleurs à installer moins de tables que d’enfants pour laisser de l’espace, et permettre ainsi aux enfants de s'installer au sol sur des tapis. Pour 27 enfants, nous avions installé une dizaine de tables et une dizaine de tapis. En effet, des places étaient aussi disponibles en bibliothèque, aux activités plastiques ; certains enfants observaient leurs camarades au travail, d’autres faisaient des activités à deux. Mais, encore une fois ce qui fut juste pour nous ne l’est peut-être pas pour vous, à vous d'essayer de votre côté.
Un tabouret pour chaque adulte. S'il est important que les enfants soient à l'aise et autonomes dans cet espace, cela est également vrai pour les deux adultes qui veillent à leur épanouissement. L'enseignant et l'ATSEM disposent chacun d'un tabouret rembouré ou d'une petite chaise avec un petit coussin, qui se distingue clairement des chaises des enfants tout en leur permettant d'être à leur hauteur. Lorsque l'enseignant fait une présentation sur un tapis, il s'assoit par terre à côté de l'enfant. Mais, lorsque la présentation a lieu à une table, il est intéressant d'avoir un petit siège adapté à notre taille pour notre confort. A Gennevilliers, les enfants allaient volontiers nous chercher notre tabouret pour que nous leur présentions une activité.
Pensez à proposer une ou plusieurs chaises d'observation. Certains enfants prennent le temps d'observer la classe avant de prendre une activité. La plupart du temps, ils marchent dans la classe et observent leurs camarades. Pour ceux qui le souhaitaient, nous avions dans la classe une jolie chaise en bois - que nous avions peinte en jaune vif et placée à un endroit stratégique où les enfants pouvaient observer de nombreuses choses.
Pour accompagner l'enfant dans son exploration autonome du monde, nous avons choisi, comme Maria Montessori, de proposer des activités d’affinement des sens et d’accès à la culture (lecture, écriture, mathématiques, géographie, géométrie plane et en volume, musique, botanique, etc.). Nous nous sommes approprié la manière de les présenter, et nous vous invitons à faire de même. Nous vous invitons également à ne pas vous limiter au matériel que nous avons utilisé. Nous-mêmes souhaitons étendre la proposition d’activités dans la poursuite de nos recherches. Il est fondamental de garder en tête que l’expérience de Gennevilliers est un point de départ, un travail en cours.
Nous proposions des activités pratiques par plateau pour que les enfants puissent s’exercer aux gestes de l'autonomie, afin d’être progressivement autonomes et de prendre en charge eux-mêmes l’environnement de la classe. Par exemple, la corbeille des pinces à linge prépare la capacité de l'enfant à étendre le linge qu'il a lavé, en isolant la difficulté d'ouvrir et de fermer une pince à linge. Ces activités étaient regroupées au sein d’une même aire.
Du matériel pratique doit être également à disposition des enfants au sein de l'aire pratique. Ce matériel permet aux enfants de prendre soin de leur environnement, de le ranger et de le nettoyer. Brosse à tapis, balai, pelle et balayette, sceau avec serpillère, petit lavoir, étendoir, etc.
Un chevalet individuel de peinture était à disposition des enfants. Nous vous invitons, pour commencer, à proposer une seule couleur de peinture dans un petit pot, avec un pinceau et une éponge pour nettoyer le chevalet. Cette activité nécessite également une présentation individuelle : il faut montrer comment tenir le pinceau, où ranger l’oeuvre réalisée pour qu'elle sèche et comment nettoyer ensuite le chevalet. Nous ne proposions pas tout de suite cette activité aux petits : afin de ne pas les mettre en difficulté et de pas créer de grands désordres dans la classe, nous attendions qu'ils soient un minimum autonomes.
Veillez à proposer un beau coin bibliothèque. Il s'agit d'un des points névralgiques de la classe. C'est ici que les enfants vont se donner mutuellement envie de lire, vont développer de nombreux liens, rire et discuter. Les enfants sont par ailleurs dans une période sensible où la richesse du langage demande à se préciser à grande vitesse : ils veulent connaître de nombreux mots et cet espace doit leur offrir ce vocabulaire. Il peut se situer dans l'aire du langage, mais peut également être un espace bien séparé des autres. Veillez à ce que ce coin lecture soit lumineux, spacieux, confortable et invite à l'ordre et au calme. Les livres doivent être régulièrement changés en prenant soin de veiller au niveau de lecture qu'ils requièrent. Il doit y avoir un nombre de livres suffisant pour attirer la curiosité des enfants, mais la quantité ne doit pas être trop importante, afin de ne pas inviter au désordre.
Un tableau ligné. Certaines choses ne vieillissent pas. Pensez à installer un petit tableau ligné. Nul besoin d’un grand tableau qui vous ferait perdre beaucoup de place. Nous l'utilisions pour les activités en regroupement, pour l’écriture de la date (en cursive) le matin, ou pour transmettre des informations par écrit à tout moment de la journée.
Une ellipse. Nous vous invitons à tracer une ellipse au sol, qui vous servira éventuellement de lieu de regroupement. Vous trouverez ici une vidéo qui explique très bien comment tracer une ellipse. Il vous suffit ensuite de reproduire cette façon de faire avec une longue ficelle, une craie et deux clous que vous planterez légèrement au sol. Repassez ensuite sur votre tracé à la craie avec du ruban adhésif de couleur.
Des tapis. Pour 27 enfants, nous avions une dizaine de tapis. Nous vous invitons à les choisir un peu rigides pour que les enfants puissent vérifier qu'ils sont correctement roulés en les faisant tenir debout. Pensez à les choisir d'une longueur minimum d'un mètre, pour que les enfants puissent poser les barres rouges et les barres numériques dessus sans qu'elles ne dépassent.
Pour le coin Géographie, nous avions affiché un planisphère où les enfants pouvaient lire le nom des pays. Nous mettions également des punaises de couleurs (lors des regroupements) sur les endroits où les enfants voyageaient avec leurs parents. Les enfants appréciaient beaucoup.
Une frise numérique murale. Nous proposions une frise numérique faisant le tour de la classe, de 1 à plus de 200. Nous n’avons pas eu le temps de “l’allonger”, mais nous aurions dû prendre le temps de le faire : les enfants le demandait avec ferveur. Cette frise passionne véritablement les enfants qui s’entraînent entre eux à compter - en faisant correspondre bien évidemment la comptine numérique et les cases des nombres. Lorsque les enfants se sentaient prêts, ils nous demandaient de compter sous notre contrôle. Nous placions alors la photo là où l’enfant s’était arrêté. Cette activité nous permettait de savoir - sans passer par une évaluation formelle - où chaque enfant se situait dans l’apprentissage de la comptine numérique. De façon assez surprenante, cette activité catalysait la motivation des enfants : chaque jour, ils souhaitaient compter plus loin que le précédent. Télécharger la frise en format .doc ou .pdf
Les tiroirs personnels. Un meuble offrant un petit tiroir par enfant est important pour qu'ils puissent y laisser leurs productions. Nous n'en avions pas à Gennevilliers, faute d'espace. Les enfants déposaient leurs productions dans une bannette en plastique commune, en y collant leurs prénoms (pour les petits) ou en y écrivant leurs noms (moyens et grands). Anna s'occupait de les trier lors du regroupement avant la sortie des classes : certaines productions étaient mises de côté pour être collées dans les cahiers, les autres étaient données aux enfants chaque fin de journée.
Une étagère de rangement. Nous proposions un meuble à étagères sur lequel était installé du matériel pour la vie quotidienne de la classe. Étaient à disposition des enfants sur une étagère : un pot avec 5 ou 6 crayons à papier (afin que les enfants puissent écrire dans leur cahier d'écriture), un pot avec 5 ou 6 gommes, 2 tailles-crayons, 2 rouleaux de scotchs (pour les étiquette de lecture), un pot avec 3 ou 4 paires de ciseaux. Sur une autre étagère de ce meuble se trouvaient une pile de cahiers d'écriture pour les moyens et les grands, et une pile de cahier d'écriture pour les petits - que nous donnions dès que les enfants essayaient de tracer spontanément au crayon les lettres rugueuses.
Deux réserves dans la classe. Nous proposions une réserve pour les enfants dans le coin des activités pratiques : nous veillions à ce qu’elle soit toujours ordonnée et réapprovisionnée. Elle contenait de petits chiffons propres (pour changer les chiffons des activités comme astiquer les cuivres ou nettoyer un miroir), des serviettes éponges propres et sèches (pour toutes les activités avec de l’eau comme presser l’éponge, s’occuper des plantes), du fil à coudre, des canevas pour coudre, un chiffon pour faire la poussière, une brosse pour brosser les tapis, du coton pour nettoyer le miroir ou astiquer les cuivres. Une autre réserve était à hauteur d’adulte : elle nous permettait de renouveler rapidement le matériel listé ci-dessus, avec également les produits nettoyants à verser en petites quantités dans les flacons des plateaux d’activités pratiques. Elle permettait également de réapprovisionner rapidement les activités qui le nécessitaient. Nous avions également un taille-crayon électrique pour tailler les crayons en fin de journée.
Un point d'eau. Il est fondamental qu’un point d’eau soit directement accessible depuis la classe pour que les enfants puissent prendre et vider l’eau nécessaire aux activités pratiques. Nous vous invitons également vivement à proposer un petit seau avec une petite serpillière, pour que les enfants puissent ramasser eux-mêmes l’eau qu'ils renversent. Ils déposent la serpillière au sol, l'essorent dans le seau et vident le seau dans l'évier. Les grands montrent facilement cela aux petits - et vous verrez comme cela vous sera d'une grande aide en début d'année si vous ne souhaitez pas que votre salle de classe se transforme en piscine.
Afin de favoriser le développement de l'attention et les apprentissages, la sobriété de la décoration est de mise. Une étude récente de l’Université de Carnegie-Mellon de Pittsburgh le confirme : les salles de classe trop décorées seraient source de distraction. A l'inverse, avec peu de décorations aux murs de la classe, les enfants seraient moins distraits, passeraient plus de temps sur leurs activités, et apprendraient davantage.
Selon les chercheurs, il est important que les enseignants optimisent au maximum le design de leur classe afin de trouver un juste milieu entre le trop-plein et l'absence de décorations dans les salles de classe dans le but de conserver l'attention des plus jeunes.
Les plantes vertes sont un bel atout décoration. Elles amènent une certaine sérénité et les enfants adorent s’en occuper. Leurs pots apportent des touches colorées et permettent d'égayer la salle sobrement. Nous attirons votre attention également sur la lumière naturelle. La lumière naturelle est essentielle pour un apprentissage facilité, pour la concentration et les comportements plus apaisés - la lumière électrique a tendance à exciter notre système nerveux. Essayez d’utiliser de façon optimale la lumière naturelle : veillez à dégager les espaces lumineux de la classe de tout mobilier afin de permettre que la lumière naturelle inonde la salle et que les enfants puissent s’installer dans de telles zones pour travailler.
Chaque fin de journée, voire, chaque midi, il est important que la classe soit ré-ordonnée afin que les enfants la retrouvent rangée, propre et en bon état.
En ce qui concerne les jouets - poupées, camions, cuisine, etc. : lorsque nous proposons aux enfants un environnement où ils n’ont plus à faire semblant, où ils peuvent nous imiter avec de vrais objets, être autonomes, agir eux-mêmes, “pour de vrai”, dans un environnement qui leur appartient, avec de vrais objets à utiliser, un jardin à s’occuper, des enfants plus jeunes qu'ils peuvent accompagner, guider et consoler ; ils laissent rapidement les jouets de côté. Ces objets ont par conséquent été retirés de l'offre pédagogique. Néanmoins, si proposer quelques jouets de ce type aux enfants vous semble intéressant - alors ça l’est. Sentez-vous libre de le faire.
Par ailleurs, il peut être intéressant de proposer aux enfants différents “coins” si vous avez suffisamment d’espace pour cela : jeux de constructions, jeux de société, bibliothèque, écoute de musique, jardinage, activités manuelles, élevage d’animaux, etc. Comme nous l’avons dit, ces espaces auraient plus d’intérêt à être proposés au sein de salles différentes, mais, faute de place, en classe, ils se transforment en “coins” - coin cuisine, coin constructions, coin botanique, coin musique, coin bibliothèque, coin jeux de société, coin phasmes et fourmis, coins conversations, etc. Il peut être alors extrêmement difficile de faire cohabiter ces différents coins au sein d'un seul et même espace. L'espace manque et cela crée de fortes nuisances sonores. L’espace contraint. Il vous appartient donc de faire des choix et de privilégier les “coins” qui vous semblent les plus pertinents avec les contraintes et les envies que vous avez. Pour certains, la musique devra avoir une place privilégiée, mais pour d’autres ce sera la botanique ou la sculpture sur bois.
Les photos de cet article sont extraites du livre en édition limité de la NAMTA, A Montessori Album.