La proposition didactique que nous allons vous présenter est issue de la recherche successive de trois générations de médecins - Jean Itard, Édouard Séguin et Maria Montessori, chacun ayant repris et enrichi les travaux de son prédécesseur. Nous avons à notre tour étudié et retravaillé cet héritage, en l’adaptant aux spécificités de la langue française et en veillant à ne conserver que les outils toujours pertinents à notre époque. Par ailleurs, afin de favoriser le lien humain et les échanges entre les enfants, nous avons épuré la manière de présenter ces activités et encouragé les enfants à explorer ensemble et à s’entraider.
Nous partageons notre réflexion en espérant qu'elle nourrira la vôtre. Nous vous invitons à sélectionner les activités qui vous conviennent et à compléter cette proposition avec toute activité qui vous semblera pertinente. Nous-mêmes, dans la poursuite de nos travaux, continuerons de développer et d'enrichir cette proposition que nous considérons comme un point de départ, une étape, et non comme un point d’arrivée.
Le jeune être humain possède un cerveau immature puissamment plastique qui lui permet d'emmagasiner une grande quantité d'informations par le canal de ses sens. Toutes les informations sensorielles qu'il reçoit vont lui permettre de former et de structurer son intelligence. Il est donc essentiel, d'une part, de permettre à l'enfant d'être en lien avec le monde réel afin qu'il recueille des informations visuelles, olfactives, auditives, gustatives, tactiles ; et d'autre part, de l'aider à préciser ses capacités de perceptions sensorielles pour l'aider à mieux voir, mieux sentir, mieux toucher, mieux entendre, etc. Ces sens ainsi affinés lui permettent d'élaborer une intelligence plus fine, plus précise, plus subtile. Et, comme nous avons tendance à le faire spontanément avec nos enfants, il est important de nommer, avec le vocabulaire le plus précis possible, ce que le jeune enfant perçoit afin de l’aider à ordonner toutes les informations qu’il recueille.
Puisque l’enfant forme son intelligence avec le monde, il nous appartient de déposer dans son environnement, avec soin et conscience, la culture que nous souhaitons lui transmettre. Voici les activités que nous avons sélectionnées et présentées aux enfants en Géographie, Géométrie, Mathématiques, Lecture et Écriture. Lors de cet accompagnement enregistré, nous n'avons pas eu la possibilité de présenter les activités “artistiques” - Peinture, Argile, Craie grasse, Activités plastiques, Origami, Musique, etc. Nous les présenterons prochainement. Nous vous invitons vivement à proposer de telles activités aux enfants, en suivant leurs intérêts ainsi que les vôtres.
L'environnement tel que nous l'avons proposé à Gennevilliers est très limité. Cela est vrai pour tous les enfants, mais particulièrement pour les plus grands, qui, dès 4 ans 1/2 - 5 ans, se passionnent moins pour les “activités en salle” et ont plus spécifiquement envie de contact libre avec la nature, de jeux libres, de grands jeux de construction, d'un mélange des âges davantage élargi, d'activités “dans le monde” qui fassent sens socialement et culturellement - constructions réelles de cabanes pour animaux, entretien d'un potager, récoltes, confections de vêtements, préparation du déjeuner, etc. Nous vous invitons donc vivement à ne pas vous limiter aux seules activités didactiques. Ce serait, à notre sens, une grande erreur. Un environnement clos, refermé sur lui-même, même avec un excellent matériel didactique et un mélange des âges, ne saurait être satisfaisant pour l'intelligence humaine en plein épanouissement.
Il semble extrêmement pertinent de repenser nos écoles comme des lieux de vie, ouverts, vivants et dynamiques, au sein desquels nos enfants ne seraient pas contraints de passer des heures dans une seule et même salle de classe. Un accès libre à différents espaces pourrait leur être offert : une cuisine, une salle de jeux de société, une salle d'arts plastiques, un espace de repos, une salle de musique, etc. Ils s'occuperaient de potagers, ils feraient la cuisine pour leurs camarades, ils soigneraient des animaux. Ils seraient en contact avec des enfants d'âges supérieurs travaillant dans des salles attenantes aux cloisons mobiles ! Cette esquisse semble irréelle, et pourtant, des mairies travaillent déjà en ce sens en concertation avec des enseignants.
Nous encourageons chacun à cheminer en ce sens, à son rythme, en fonction de ses moyens, et à enrichir ses pratiques de classes de tout apport qui pourrait nourrir et satisfaire les jeunes êtres humains en plein développement. Dépassons l'idée de “méthode” figée et œuvrons pour honorer celle de l'enfant.
Ces trois journées ont réuni plus de 700 personnes, dont 95% d'enseignants de l'Éducation nationale. Les personnes présentes dans la salle ont manifesté une volonté de changement surprenante, ce qui a rendu l'atmosphère joyeuse, intense et particulièrement émouvante. Voir les photos de ces trois journées.