Aujourd’hui, les sciences du développement humain nous donnent les grandes lois universelles qui régissent l’apprentissage et l’épanouissement harmonieux de l’être humain. Ces lois exigent notamment que l’enfant apprenne par son activité autonome, au sein d’un environnement riche et sécurisant, avec des enfants d’âges différents, et guidé par un étayage individuel et bienveillant.
Dans le but de tester l’efficacité d’une démarche pédagogique scientifique, c’est à dire pensée à partir des lois de développement de l’enfant, Céline Alvarez, linguiste de formation, décide en 2009 d’entrer dans le système éducatif national en passant le concours de professeur des écoles. Après avoir passé le concours en candidat libre, elle demande un entretien auprès du Conseiller du Ministre de l’Education nationale, qu’elle obtient. Les conditions qu’elle demande lui sont accordées : une école implantée dans un quartier défavorisé, une classe d’âges mélangés, des tests scientifiques annuels pour mesurer les progrès des enfants, ainsi qu’une carte blanche pédagogique totale. L’expérience a lieu à Gennevilliers, en Zone d’Éducation Prioritaire et Plan Violence, de 2011 à 2014.
Pour mener cette expérience, Céline Alvarez a repris et développé les travaux du Dr Maria Montessori, qui avait déjà ouvert la voie d’une telle démarche scientifique dès 1907. Elle les a enrichis avec les avancées scientifiques contemporaines notamment en psychologie cognitive comportementale, en neurosciences cognitives, affectives, sociales ; ainsi qu’en linguistique française.
L’étayage s’est notamment axé autour du développement des compétences exécutives, aujourd’hui largement reconnues comme étant les fondations biologiques de l’apprentissage et de l’épanouissement global. Ces compétences se développent à grande vitesse entre 3 et 5 ans, leur bon développement a donc été une grande priorité dans la classe. Les activités de langage ont également été retravaillées, simplifiées, et adaptées aux particularités de la langue française. Et puisque la recherche en neurosciences affectives et sociales montre aujourd’hui à quel point le lien humain est fondamental pour notre plein épanouissement physique, cognitif et social, une grande importance a été donnée aux moments de regroupements pour l’acquisition des fondamentaux et un grand nombre d’activités a été supprimé pour recentrer l’attention des deux adultes de la classe sur le lien social : les présentations d’activités étaient des moments de rencontres, vivants et chaleureux, plutôt que rigides et didactiques. Tout était pensé pour que les enfants puissent réellement être connectés, rire, échanger, s’exprimer, s’entraider, travailler et vivre ensemble. Cette reliance sociale fut un véritable catalyseur d’épanouissement et d’apprentissage. Ces apports ne sont qu’un début.
Notre démarche est évolutive et ouverte : il ne s’agit pas d’une méthode figée. Dans les années à venir, nous poursuivrons notre réflexion en continuant de développer des paramètres que la recherche indique comme étant essentiels - tels que l'amplitude du mélange des âges au sein du même espace, le lien avec la nature - tout en enrichissant la proposition d'activités, notamment le jeu libre. L'expérience de Gennevilliers ne représente donc que les prémices d'une longue recherche visant à créer des environnements éducatifs “physiologiques”, pleinement adaptés au fonctionnement et aux besoins de l'être humain en plein développement. Dans ce but, nous avons utilisé les travaux du Dr Montessori comme point de départ, mais non comme un point d'arrivée.
Ainsi, nous tenons à préciser que cette expérience diffère de la pédagogie dite Montessori. Nous ne faisons ni la promotion de cette méthode, ni nous ne nous en revendiquons. Les travaux du Dr Montessori ont été une excellente base pour démarrer cette réflexion pédagogique scientifique. Néanmoins, à Gennevilliers, cette base a été développée à l’aide des apports de la recherche actuelle. C’est d’ailleurs ce que souhaitait le Dr Montessori, qui invitait les générations suivantes “à poursuivre leur route” et à enrichir ses travaux des données contemporaines, comme elle-même l’a fait en reprenant les travaux des Dr Itard et Séguin. L’expérience de Gennevilliers s’inscrit donc dans la poursuite d’un héritage pédagogique scientifique séculaire.
Dès les premiers mois, les résultats furent massivement positifs. Ils confirmèrent qu’une démarche basée sur la connaissance du développement humain est extrêmement pertinente.
Dès la première année en effet, les tests indiquaient que tous les enfants progressaient plus vite que la norme : ils l’ont par ailleurs largement dépassée en conscience phonologique, compréhension du nombre, précision visuo-motrice, et ont augmenté de façon spectaculaire leur mémoire de court terme. Les enfants de deuxième année de maternelle avaient tous, dès la fin de la première année, au moins un an (voire deux) d’avance en lecture. Lire, écrire ou comprendre les concepts clés des mathématiques ont été des conquêtes rapides et heureuses.
La deuxième année, le rapport des tests indiquait : “Il apparaît que dans les deux domaines d’apprentissage incontournables de la scolarité, la lecture et l’arithmétique, les enfants de cette classe montrent des habiletés qui dépassent souvent leur niveau scolaire. (...) Il faut se rendre compte que tous les enfants présentent au moins un an d’avance par rapport à ce qui est attendu.
Le mélange des âges (3, 4 et 5 ans) a par ailleurs grandement favorisé la collaboration, le tutorat et l’entraide spontanés entre les enfants. Cette richesse sociale a catalysé le développement de qualités morales et sociales importantes chez tous. Les familles ont noté chez leur enfant une capacité nouvelle à se concentrer, une autonomie importante, des relations sociales apaisées, de l’autodiscipline, ainsi qu’une envie irrépressible de se rendre à l’école, même malades ! Voir leurs témoignages en vidéos.
Céline Alvarez aurait vivement souhaité poursuivre ses recherches au sein de l’Éducation nationale. Néanmoins, en juillet 2014, sans donner de raisons officielles claires, le Ministère de l’Éducation nationale demande le retrait du matériel pédagogique et la fermeture de la classe. Céline Alvarez, forcée d’arrêter son expérience au sein de l’Institution, démissionne pour la poursuivre à l’extérieur. Mais avant cela, elle décide de se consacrer au partage gratuit de la totalité des outils qui ont permis d’avoir un impact si positif auprès des enfants. En août 2015, plus de 200 enseignants ont participé à deux jours de conférence dédiés au partage des fondamentaux théoriques scientifiques. Vous pouvez visionner l’intégralité de ces deux journées. Face à cette attente forte de la part des enseignants et des parents, Matthieu Varagnat et Fabien Akunda, tous deux ingénieurs aux grands idéaux, ont rejoint Céline pour l’aider à diffuser ses connaissances. En juillet 2016, l’équipe a organisé une conférence de trois jours devant plus de 700 enseignants venus de toute la France et d’ailleurs : Cambodge, Vietnam, Canada, Australie, Maroc, Espagne, Portugal, Chine, Suisse, Belgique, Emirats Arabes Unis... Voir la retransmission de cet accompagnement.
Visionner ci-dessous l’introduction de notre première conférence.
Plusieurs enseignants présents témoignent de leurs ressentis et des premiers résultats. Merci à eux.